Tourisme Durable : Tout un programme !




La déroute des destinations "nature"

Jadis, autrefois, il y a 20 ans, les nuitées touristiques se répartissaient entre les destinations dites "littorales" (le gros de la troupe avec 90% des nuitées) et la "montagne" (10% des nuitées essentiellement concentrées du reste sur la période hivernale).

Aujourd'hui, il en va tout autrement : Bien sûr les destinations en direction du littoral reste en tête mais elles sont talonnées par les destinations "iles" (voyages à l'étranger), puis les destinations "villes" (séjours culturel de capitale en capitale), les destinations "campagne" (ressourcement en famille) et enfin,en bonne dernière position ... les destinations "montagnes" (toujours avec le poids des séjours skis).

On aurait pu croire avec les concepts de retour à la nature, de ressourcement, de bien-être, que la campagne et la montagne auraient bien "tirées leur épingle du jeu". Il en va tout autrement apparemment. Le pire constat est celui de la facture carbone générée par les destinations "iles" et "villes" qui nécessitent des transports par avion parfois pour un simple week-end (à grand renfort de promotion tapageuse) à Marrakech, à Budapest, à Londres ou à Barcelone !!!


Modèle Autrichien et Modèle Français : Le jour et la nuit


C'est bien connu, le tourisme est la principale économie en Autriche. Évidemment, le potentiel est là, mais c'est la politique d'aménagement du territoire qui fait la différence et qui est la principale raison de la réussite. Qu'en est-il exactement ?

Pour les montagnes Françaises, le désastre commence dans les années 70 (juste après les Jeux Olympiques de Grenoble et les 3 médailles de JC Killy). A la DATAR (Direction Aménagement du Territoire), on se dit qu'il faut "transformer" l'engouement constaté sur ses jeux pour les activités neige. L'idée "génial" est de fabriquer des stations dites "intégrées de la 3ème génération" (c'est à dire et pour faire bref : en formica et les skis au pieds).

L'administration recense pas loin de 80 sites d'alpage isolés, sans problématique d'acquisition foncière, et loin des villages. Le "plan neige" est né et avec elle cette collection d'usines à ski faites de béton et d'appartements "cage à lapins". Le succès est immédiat, les Français s'arrachent ces pieds à terre à la montagne avec leurs promesses de placement rentable (moyenne de 10 à 16 semaines de location par an).

Le plis est pris et l'expérience dupliquée sur le littoral. Voici les "marinas", ces colosses de bétons les pieds dans l'eau. Évidemment, c'est sans penser aux lendemains qui déchantent. Trente ans se sont écoulés, les destinations "neige" en France sont boudées par les Anglais (hormis quelques stations de Tarentaise) et les immeubles (concept des années 70) qui sont de vraies "passoires" thermiques, par ailleurs peu adaptées aux nouveaux modes de vacances en "tribu" perdent de leur attrait. Peu importe, les promoteurs ont glissé vers la Costa Brava en Espagne, la Tunisie, maintenant le Maroc et demain l'Adriatique.

Aujourd'hui, les appartements vétustes, inadaptés (parce que trop petits) tombent en désuétude avec un taux de remplissage catastrophique de 5-6 semaines par an (loin du compte et des promesses).

C'est sans compter sur les dommages causés sur les habitudes de la clientèle. Le comportement dominant est devenu "la location". Désormais, lorsqu'un touriste paiera une location d'une semaine, son chèque partira directement sur le compte bancaire du propriétaire (domicilié à Brest, Dunkerque, Paris, Strasbourg, ou ailleurs ...) échappant ainsi et complètement à l'enrichissement du territoire.

Voila donc la principale richesse générée par un touriste sur un territoire qui s'enfuit du territoire.

Nos amis Autrichiens et Suisses ne se sont pas "jetés" sur des projets immobiliers aussi peu durables. Ils ont considérés qu'ils avaient tout intérêt à "brider" les constructions d'appartements secondaires (volets clos) pour favoriser la survie de leurs hôtels, pensions de famille, gites ruraux et autre chambres d'hôtes tenues par des autochtones qui pouvaient ainsi capter et retenir sur le territoire la richesse générée par les coûts d'hébergement.

Il fallait y penser ... il fallait surtout être lucide !!!